Musée d'Orsay :
Quand art et mysticisme dialoguent
Frédérique Maupu-Flament
Kiné actualité n° 1482 - 23/03/2017
Le mysticisme a de tous temps entretenu des liens ténus avec l'art, qu'il soit pictural, musical ou littéraire. Le musée d'Orsay nous propose de revisiter ces contrées mystérieuses où l'âme de l'artiste caresse le Mystère, avec des toiles de paysages.
Image ci-dessus : Maurice Denis, "Paysage aux arbres verts" dit aussi "La Procession sous les arbres", 1893. Huile sur toile, 46,3 x 42,8 cm. Paris, musée d'orsay, acquis par l'État à titre de dation en paiement de droits de succession pour les musées nationaux, 2001.
La spiritualité et le mysticisme ne sont pas la religion ; ils la dépassent de beaucoup et transcendent le religieux. Plus que la croyance, la ferveur spirituelle a à voir avec la nature, la capacité de dépasser les réalités matérielles, le mystère de l’existence et celui de l’au-delà. Des sujets qui ont toujours fasciné les artistes. De ces liens avec l’invisible, des peintres comme Gauguin (et son célèbre Christ notamment) ou Maurice Denis ont tiré leurs œuvres les plus poignantes.
Le paysage du mysticisme
Ce sont ces tableaux peints au tournant du 20e siècle, particulièrement des paysages, que le musée d’Orsay en collaboration avec l’Art Gallery of Ontario de Toronto nous invite à redécouvrir. Les questionnements mystiques des artistes sont ici visités dans tous les grands mouvements de l’époque, de l’Impressionnisme au Symbolisme, en passant par les Nabis, dont l’essence même du mouvement résidait dans la spiritualité. En effet, le terme nabi signifie en hébreu “orateur” ou “annonciateur”, mais l’Occident retiendra le sens de “prophète”. Le mouvement nabi n’était pas un courant formel mais spirituel de l’art, puisqu’il réunissait aussi bien Fauves, Expressionnistes que Cubistes.
L’élévation vers un infini, la quête de lumière et l’expérience des forces transcendantes de la nature se retrouvent dans l’œuvre de Gauguin, Monet, Hodler, Klimt, Van Gogh et bien d’autres. L’exposition nous présente ainsi une sélection de paysages de ces grands maîtres accompagnés d’artistes européens moins connus et d’œuvres d’artistes de l’école canadienne des années 1920-1930.
Odillon Redon, "Le Boudha", 1906-1907. Pastel sur papier, 90 x 73 cm. Paris, musée d'Orsay, RF 34555. |
Pierre Puvis de Chavannes, "Le Rêve", 1883. Huile sur bois, 82 x 102 cm. Paris, musée d'Orsay, RF 1685. |
Une programmation pour aller plus loin
En marge de l’exposition, le musée d’Orsay propose une riche programmation : “Curieuse nocturne”, le 23 mars de 18h30 à 23h, avec un voyage “Au-delà des étoiles” et des concerts spectaculaires, projections, poésie ; des tables rondes en partenariat avec le Collège des Bernardins, le 18 mai à 19h30, sur “L’acte de création comme conversion” avec Sylvie Bethmont, Robert Churlaud, professeurs à l’École Cathédrale du Collège des Bernardins, Jean de Loisy, président du Palais de Tokyo et Philippe Sers, philosophe, critique d’art ou, le 6 juin à 20h, sur “Les paysages et leur mystique” avec Jérôme Alexandre, théologien, Alain Cugno, philosophe, Marianne Lanavère, directrice du Centre international d’art et du paysage, Ile de Vassivière, Isabelle Morin Loutrel, commissaire de l’exposition et Tatiana Pozzo di Borgo, artiste [Hors les murs] au Collège des Bernardins. Sans oublier le festival “La Nuit au cinéma”, du 24 mars au 8 avril.
“Au-delà des étoiles. Le paysage mystique de Monet à Kandisky”. |
© RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski