Un grand jardin dans l'océan :
La magie de Madère
Damien Regis
Kiné actualité n° 1459 - 29/09/2016
Jaillie des profondeurs de l’océan, l’île de Madère est peuplée depuis le 15e siècle seulement. Le tourisme y a pris son essor il y a près d’un siècle, notamment grâce aux Anglais. C’est là, à Camara de Lobos, que Sir Winston Churchill venait poser son chevalet pour peindre paysages marins ou couchers de soleil... et là que les Britanniques investirent dans les domaines qui produisent encore le célèbre vin de Madère. Si l’île s’est beaucoup développée, notamment ses infrastructures financées par des fonds européens, son charme opère toujours autant. Le qualificatif qui lui correspond le mieux est sans doute celui d’île aux fleurs.
Moins grande que le duché du Luxembourg, l’île de Madère se présente comme une amande, avec une côte Nord verte et escarpée qui rappelle celles de Bretagne, et une rive Sud très méditerranéenne, ponctuée de villages et plantée de vignobles et de bananeraies. Le tout est surmonté du vaste plateau de Paul da Serra (1 500 m d’altitude) et dominé par les impressionnants Pico Ruivo (1 861 m) et Pico Arieiro (1 810 m). Le sentier reliant les deux pics est spectaculaire et demande une bonne condition physique et de ne pas être sujet au vertige.
Le parc naturel de Ribeiro Frio. | Le jardin botanique de Funchal. |
Des fleurs, toujours et encore
Pour récupérer l’eau des plateaux et sommets qui tutoient les nuages et ainsi irriguer les plantations situées en aval, les hommes de l’île ont creusé près de 600 kilomètres de petits canaux, les fameuses levadas, tous longés par un petit sentier bordé d’agapanthes, hortensias, etc. Ce sont des itinéraires parfaits pour ceux qui aiment marcher. Il existe différents niveaux de difficultés mais tous ces tracés offrent des vues exceptionnelles, tantôt sur le grand large, tantôt sur les sommets.
Les anciennes routes en lacets, très souvent panoramiques, sont maintenant presque toutes doublées d’une voie rapide empruntant des enfilades de tunnels. C’est pratique pour les habitants mais désolant pour les visiteurs, à moins d’opter pour un tourisme de taupe ! N’hésitez surtout pas à prendre les petites routes anciennes, pour la plupart elles aussi bordées de milliers de fleurs. Il n’est pas rare de rouler pendant plusieurs kilomètres entre des haies fleuries, comme dans le parc d’un château. Les belvédères sont fréquents et sécurisés.
Funchal, la capitale, est très agréable. Son front de mer a été rénové avec bonheur et ses quartiers anciens ont gardé leur cachet. Il faut flâner sans but, sur l’Avenida do Infante, près du casino, et découvrir les bâtiments dus à Oscar Niemeyer, l’architecte de Brazilia. Puis on remonte l’Avenida Arriaga jusqu’à la jolie cathédrale baroque que l’on visite en évitant de faire trop de bruit. On y trouve toujours des femmes et des hommes en prière, symboles d’une île dont la population catholique est restée très pieuse. Il suffit de voir les fêtes organisées mi-août dans tous les villages en l’honneur de la Vierge pour mesurer la foi des madériens.
Point de vue exceptionnel depuis Monte
On poursuit la visite par les parcs ornés de grandes fontaines, entre les églises et les collèges, jusqu’au quartier du Fort de São Tiago et de Socorro, un secteur populaire en pleine rénovation où se multiplient les petits restaurants servant la célèbre morue salée (bacalhau) ou le poisson local des grands fonds (espada), cuisiné avec des bananes.
Un téléphérique monte jusqu’à Monte et offre de très belles vues sur Funchal et la côte. On peut encore s’y rendre mais, hélas, les immenses incendies du mois d’août dernier ont noirci les collines environnantes et il faudra attendre que la nature reprenne vie.
Parmi les plus beaux secteurs à visiter à Madère, il y a l’impressionnante pointe de São Lourenço qui, à l’Est, s’avance sur l’océan et offre une balade fatigante mais unique. Sur la côte Sud, il faut voir Camara de Lobos (joli port), Ribeira Brava, Ponta do Sol (village pittoresque), Madalena do Mar puis Jardim do Mar (notre village préféré, environné de plantations de bananiers). La route conduit jusqu’à la pointe ouest de l’île, à Porto Moniz, où des piscines naturelles ont été aménagées dans la côte rocheuse.
On longe ensuite la côte jusqu’à Santana, par une route dominée par de hautes falaises (avec quelques tunnels). Les vues sont très belles sur Seixal, Ponta Delgada et Arco do São Jorge, petites bourgades les pieds dans l’eau.
En savoir plus■ Office du Tourisme : www.visitmadeira.pt |
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