Des vacances nature :
L'île de Ré, terre de liberté
Damien Regis
Kiné actualité n° 1454 - 07/07/2016
Ré vient du mot latin ratus, qui veut dire fougères. Et celles qui bordent les petites routes plates empruntées par les cyclistes sont là depuis si longtemps qu’elles pourraient raconter la riche histoire de ce bout de terre de 85 km2, relié depuis 1988 au continent par un pont dont la construction a fait couler beaucoup d’encre… On doit aux moines cisterciens, installés sur l’île dès le Moyen-Âge, l’extraction du sel et la culture de la vigne. C’est Vauban qui a fait construire les fortifications autour de Saint-Martin, la “capitale”, pour résister aux invasions anglaises après les terribles guerres de religion du début du 17e siècle. Celles-ci avaient vu s’affronter les protestants, soutenus par le duc de Buckingham, installé sur l’île, et les troupes du cardinal de Richelieu, au moment du siège de La Rochelle. Le fort de Saint-Martin fut ensuite transformé en pénitencier pour les bagnards, parmi lesquels Seznec et Dreyfus, en partance pour la Nouvelle-Calédonie ou la Guyane.
Parfaitement restaurée, la citadelle Vauban est inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco. Il faut s’y promener avant de visiter les autres lieux historiques de l’île : les vestiges de l’abbaye moyenâgeuse des Châteliers et la redoute de Rivedoux. Très instructive aussi est la visite de l’écomusée du marais salant qui raconte l’histoire des sauniers à travers les âges.
Le phare des Baleines, classé monument historique. |
Le paradis de la pêche à pied
Pour réussir des vacances nature sur l’île de Ré, il faut faire l’effort d’abandonner sa voiture (ou d’en limiter strictement l’usage) pour sillonner l’île à vélo. Les loueurs sont nombreux. Entre les marais, rien n’est plus agréable que de pédaler (sur le plat) pour rejoindre une jolie plage, par exemple celle de Trousse Chemise, immortalisée par la chanson d’Aznavour. C’est aussi à bicyclette que l’on peut se rendre au phare des Baleines ou jusqu’au clocher de l’église du beau village d’Ars-en-Ré. Dans l’un comme dans l’autre, il faut grimper un escalier assez rude mais c’est pour découvrir, une fois en haut, une vue panoramique vraiment splendide.
Du clocher d’Ars, il faut admirer le coucher du soleil.
Plusieurs dizaines de balades à vélo ou à pied, y compris des randonnées sur le littoral, sont proposées dans un petit guide disponible à l’office du tourisme ou sur une application dédiée. Il en existe de toutes longueurs, même un tour de l’île (à pied) en quatre jours. Certaines promenades sont à thème, comme la route des métiers d’art qui permet d’aller à la rencontre de jeunes créateurs souvent talentueux.
Il y a même un choix de promenades et de randonnées nautiques, labellisées par le département de Charente-Maritime, qui permet de sortir en mer ou sur les marais, en famille, accompagnés par un guide. Les plantes, les oiseaux et les poissons n’ont aucun secret pour eux.
L’île de Ré est réputée être un paradis pour les pêcheurs à pied. Dans la zone de l’estran (située entre marée haute et marée basse), il est possible de ramasser chaque jour jusqu’à cinq kilos de coquillages et crustacés (palourdes, praires, coques, moules, huîtres, couteaux, crevettes, araignées, tourteaux…) par personne. Il est recommandé de se renseigner pour ne pas ramasser des coquillages d’une taille trop petite, et donc interdite, à l’instar de la pêche de nuit.
L'Île de Ré est réputée pour ses marais salants. |
Un environnement jalousement préservé
Les amateurs de nautisme disposent d’installations de grande qualité dans les ports de plaisance de Saint-Martin-de-Ré, La Flotte, Ars et Rivedoux-Plage. Il ne s’agit pas de ports gigantesques et l’esprit marin y a conservé toutes ses valeurs. Il est absolument indispensable de réserver sa place auprès des capitaineries assez longtemps à l’avance, surtout pour les mois de la haute saison. L’île de Ré est réputée posséder des écoles de voile très sérieuses, où l’enseignement est dispensé dans les meilleures conditions de sécurité.
Pour le nautisme comme pour toutes les autres activités, le mois de septembre est idéal pour qui n’a pas de contraintes scolaires ou professionnelles. Et octobre est souvent très ensoleillé sur cette partie de la côte Atlantique.
Les dix villages de “Ré la blanche”, surnom donné à l’île en raison de ses maisons blanches bien entretenues et fleuries, aux volets en dégradés de vert, bleu ou gris, avec leurs jardinets plantés de roses trémières, racontent tous une histoire liée au sel, à la pêche, au phare… C’est cette exception qui en a fait un lieu très recherché et, dans certains quartiers, un peu mondain. Mais la qualité de vie et l’environnement jalousement préservé sont les premières causes de son succès. Beaucoup d’installations, y compris dans les campings, ont été conçues pour accueillir des enfants que rien n’émerveille plus qu’une promenade à dos d’âne sur un sentier littoral ou le spectacle des bateaux au retour de la pêche.
En savoir plus■ Office du tourisme : |
© Lesley Williamson