Au musée des Arts décoratifs :
Barbie, miroir de son temps
Damien Regis
Kiné actualité n° 1449 - 02/06/2016
On connaissait le musée des Arts décoratifs pour ses expositions de design, de mode et de publicité mais aussi de jouets. En recevant la célébrissime Barbie, c’est toute une page d’histoire culturelle et sociale du jouet, à cheval sur le 20e et le 21e siècle, qu’il a voulu ouvrir.
Il y a deux façons de visiter cette exposition, qui propose 700 poupées sur 1 500 m2 ; deux démarches que l’on peut conduire parallèlement. D’un côté avec des yeux d’enfant émerveillé par la diversité et la beauté des costumes du produit phare de la firme Mattel, avec pour la plupart des femmes le souvenir de ces bons moments passés à ranger ses innombrables tenues. De l’autre, en observant (comme le fait l’exposition) tout ce qui, sur le plan social, se cache derrière les apparences, l’allure et la silhouette mince du personnage, devenu une icône de son époque.
“Au-delà d’être un jouet, Barbie est le reflet d’une culture et de son évolution. On l’a d’abord associée à l’American way of life avant qu’elle n’incarne une dimension plus universelle, épousant les changements sociaux, politiques, culturels”, affirment les responsables de l’exposition. “Elle évolue dans le confort moderne tout en épousant de nouvelles causes, questionnant les stéréotypes, haïe pour ce qu’elle représenterait d’une femme idéalisée, et pourtant autonome et indépendante, adoptant toutes les ambitions de l’époque contemporaine.”
Ruth Handler entourée de poupées Barbie et Ken, années 1960. | Making of, Mattel. |
Une véritable icône de la mode
On rappelle que dès sa création en 1959 par l’américaine Ruth Handler, Barbie et sa longue silhouette galbée sont apparues en totale rupture avec les poupées et baigneurs ronds et joufflus d’alors. Ainsi s’installait la poupée mannequin, plus conforme à l’image des femmes qui gagnaient une place nouvelle dans la société, notamment en accédant au monde du travail à l’égal (ou presque) des hommes. Le jouet n’a plus les traits du nouveau-né mais de sa jeune maman ! L’exposition ne dit pas si une démarche mercantile a présidé à la naissance de Barbie pour sensibiliser mamans et fillettes au chic de la mode et pour être “dans le vent”, comme on disait alors.
Toute une mythologie accompagne le lancement de Barbie que l’on présente comme une jeune femme (mais sans âge), née dans le Wisconsin, tour à tour lycéenne, étudiante, nurse ou hôtesse de l’air avant d’épouser plus de 150 métiers. De danseuse étoile à astronaute, en passant par pilote de course ! Autant d’occasions de vendre les tenues correspondantes à des petites filles qui, en choisissant leur poupée Barbie, ont la liberté de décider qui elles voudraient être. Avec à la clé un succès mondial pour Mattel, qui ne se démentira plus.
Jusqu’au 18 septembre 2016 Musée des Arts décoratifs |
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