Sur la Croisette à Cannes :
«Le Restaurant Arménien», tout simplement
Damien Regis
Kiné actualité n° 1447 - 19/05/2016
Comme les parents de Charles Aznavour, ceux de Lucie panossian, la patronne, ont fui leur terre d’Arménie pour échapper au génocide perpétré par les Turcs. Elle est née en France mais raconte avec nostalgie l’épopée de sa famille échouée sur le port de Marseille avec ses balluchons. Et comment, avec Christian, son marseillais de mari, elle a créé à Cannes, il y a 31 ans, ce temple de la gastronomie de son pays qu’ils ont tout simplement baptisé “Le Restaurant Arménien”.
Tout ce que le “show-biz” compte d’Arméniens possède ici son rond de serviette, notamment pendant le Festival international du cinéma. Aznavour continue à y venir en famille et Henri Verneuil était un habitué. Mais la clientèle s’étend bien au-delà. Ici se retrouvent ceux que la cuisine savoureuse de Lucie a su séduire : “Pas de produits de frigo chez moi”, explique-t-elle. “Tout est cuisiné par mes soins chaque matin avec des produits frais et servi le soir même. C’est pour cela que le restaurant est fermé le midi.” Même le pain, légèrement brioché, est fait maison.
Un festin en 29 plats
Dans la grande salle à la lumière tamisée et aux murs décorés de vitraux modernes aux couleurs vives, dans une ambiance musicale très douce, le service est assuré avec gentillesse et attention par Lucie et Christian eux-mêmes. Et le menu unique, à 48 €, est un vrai festival de spécialités arméniennes comme on n’en mange nulle part ailleurs. Ça commence avec pas moins de seize entrées servies dans une farandole de petits plats plus appétissants les uns que les autres. Y figurent entre autres trois entrées de “poissons bleus” (dont un tarama blanc absolument divin), des charcuteries de bœuf séché (on ne mange pas de porc en Arménie, mais pas pour des raisons religieuses), des boulettes de toutes sortes dont celles faites de lentilles corail et de coriandre…
Le menu unique compte pas moins de seize entrées. |
Arrivent ensuite les neuf plats chauds, dont le fameux kechkegs, le plat national arménien, composé de bœuf, de blé et d’un mélange d’épices subtil. Notons aussi les savoureuses lasagnes de légumes ou les raviolis au basilic et au yaourt maison.
Suivent quatre desserts pour conclure ce festin, dont une très bonne glace à la noisette, les baklavas, les loukoums arméniens… On se doute que si les convives arrivent au bout des vingt-neuf plats, c’est que les portions sont celles des menus dégustation. Comme il est difficile de ne pas céder à la tentation de tout manger (ou goûter), il est vivement conseillé de prendre son temps pour arriver jusqu’au dernier dessert…
Avec une cuisine aussi goûteuse, l’idéal est de boire un joli rosé de Provence, assez floral, ou un vin d’Arménie. Le patron saura vous conseiller.
“Le Restaurant Arménien” |
© D.R.