Dans les pas des Romains :
Saintes, une page d'histoire
Damien Regis
Kiné actualité n° 1440 - 24/03/2016
On peut se demander pourquoi la sous-préfecture de la Charente-Maritime se fait aussi discrète alors que son patrimoine est l’un des plus riches de l’ouest de la France. C’est peut-être pour continuer à vivre en paix au bord de la Charente, dont les eaux tranquilles qui débouchent face au Fort Boyard lui permettent un tourisme fluvial de qualité. Des croisières sont d’ailleurs possibles l’été [1].
Les vestiges de la grande cité gallo-romaine sont prétextes à se plonger dans la riche histoire de la vallée de la Saintonge, dotée de grands édifices romans ornés de beaux chapiteaux sculptés. Mediolanum Santonum, qui entretenait des relations commerciales importantes avec l’Italie, disposait d’une puissance économique qui devait en faire la première capitale de la Gaule aquitaine, l’une des trois plus grandes régions conquises par Jules César.
L’amphithéâtre, dont la construction fut achevée vers 40-50 après J.-C., reste le monument le plus grandiose. C’est là que se déroulaient les tournois des gladiateurs. Les aqueducs, dont quelques éléments perdurent, amenaient l’eau jusqu’aux thermes et aux fontaines publiques. Plusieurs piles du Pont des Arcs donnent une idée du “travail de Romains” qui fut nécessaire pour édifier cet aqueduc de vingt-sept arcades, à une hauteur de 16 mètres !
L'arc de Germanicus. |
Concerts estivaux à l’abbaye aux Dames
Place des Récollets, on peut voir les restes des remparts dont la ville s’était entourée au 3e siècle, à la fin de la Pax Romana. Non loin de là se trouvent les vestiges des thermes de Saint-Saloine, datés de la fin du premier siècle après J.-C.
Pour mieux se plonger dans la vie au temps de Mediolanum Santonum, une visite s’impose au musée d’archéologie, qui ne se contente pas d’aligner des chapiteaux et des fragments de colonnes. À proximité, un intéressant musée lapidaire est installé dans les anciens abattoirs du 19e siècle.
Considérée comme le joyau de l’art roman saintongeais, l’abbaye aux Dames a été édifiée au début du second millénaire (1047) alors que la région, enfin en paix, connaissait un fort essor économique. Cette abbatiale, au porche très finement sculpté, fut le premier monastère pour femmes en Saintonge. Toutes les parties jadis réservées aux moniales se visitent, de la salle capitulaire aux cellules. Les religieuses ont disparu mais, depuis 1972, l’abbaye se transforme à chaque mois de juillet en cité musicale pour des concerts de musique baroque, contemporaine et du monde.
Près de Saintes, il faut aller voir l’abbaye de Trizay, dédiée à Saint-Jean l’Évangéliste, construite à la même époque et qui dépendait de l’abbaye auvergnate de la Chaise-Dieu. Ne pas manquer non plus l’abbaye de Sablonceaux et celle de Fontdouce, à Saint-Bris-des-Bois. Les deux, qui ont souffert pendant la guerre de Cent Ans, mélangent avec harmonie les styles roman et gothique. n
[1] Pour les croisières fluviales ou pour louer un house-boat, se renseigner à l’office du tourisme. Tél. : 05 46 74 23 82 et www.saintes-tourisme.fr
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