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Au musée de la vie romantique : Les visages de l'effroi

Damien Regis
Kiné actualité n° 1432 - 28/01/2016

Cette exposition a pour thème l'étude de la violence et du fantastique dans la peinture, de David à Delacroix. Un sujet que l'on pourrait croire peu séduisant. C'est tout le contraire avec cette plongée vertigineuse dans une époque elle aussi en souffrance.

Le musée de la vie romantique, installé dans le bel hôtel Scheffer-Renan à Paris (9e arr.), s’aventure dans un domaine assez peu exploité jusqu’à ce jour en montrant l’influence du climat politique et social d’une époque dans la façon de peindre des artistes de ce temps. “En marge du néoclassicisme de la fin du 18e siècle, le sentiment romantique a émergé en France en plongeant ses racines dans un mal-être symptomatique d’une époque troublée, tant sur le plan politique et économique que social et culturel”, indiquent les organisateurs de cette exposition.

Il s’agit de démontrer, à partir d’une imposante collection d’œuvres d’art, comment les artistes ont été influencés au point d’être amenés à repenser et redéfinir leur façon de peindre, tout au cours d’un siècle marqué par les désenchantements et les bouleversements, de la fin de l’Ancien Régime aux espoirs déçus de la Révolution de 1848.

Dès le Directoire et pendant toute la période romantique, la production picturale est conséquente mais assez peu connue, peut-être parce qu’elle est résolument attachée au surnaturel, voire au morbide. La Terreur, les secousses politiques puis les sanglantes campagnes napoléoniennes ont installé un tel climat d’horreur que les peintres ne peuvent que s’inspirer de ce dont ils sont les témoins. David, Delacroix, Girodet, Géricault, Ingres, Gérard sont réunis, parmi beaucoup d’autres, pour témoigner de cette réalité historique, avec des œuvres souvent inédites. Ce néoclassicisme porte une esthétique où la violence s’impose comme une caractéristique majeure du discours artistique. Elle aboutit souvent à la mort vertueuse du héros et amorce un dialogue entre les morts et les vivants dans l’au-delà.

Dans cette exposition, la succession des tableaux (plus d’une centaine avec les dessins et sculptures) montre subtilement le passage d’une violence dramatique et maîtrisée, à la fin du 18e siècle, vers une forme de romantisme fanatique et noir nourri par le traumatisme révolutionnaire, mais aussi par la littérature, ancienne ou contemporaine. 

Louis-Jules-Frédérique Villeneuve (1796-1842), “Matière à réflexion pour les têtes couronnées”, sans date, aquatinte sur papier. Paris, musée Carnavalet. Jean-Pierre-Victor  Huguenin (1802-1860), “Scène du Massacre des Innocents. Buste de Femme”, 1838, ronde-bosse, plâtre.
Dole, Musée des Beaux-Arts.

Bientôt en Vendée
On mesure combien les artistes, à la recherche d’une nouvelle esthétique, sont marqués par le profond désenchantement de toute une génération et conduits à s’inspirer de la part la plus obscure de l’âme humaine.

On comprend combien les faits divers sanglants, rapportés par une presse qui prenait alors son essor, ont eux  aussi inspirés les plus grands maîtres.

Cette exposition sera ensuite présentée jusqu’au 19 mars 2016 au musée de la Roche-sur-Yon, en Vendée. Une louable volonté de décentralisation.

Jusqu’au 28 février 2016
Hôtel Scheffer-Renan
16, rue Chaptal - 75009 Paris
Tél. : 01 55 31 95 67 et www.museevieromantique.paris.fr

© RMN-Grand Palais/Philippe Bernard
© Musée Carnavalet/Roger-Viollet
© Collection Musée des Beaux-Arts de Dole, cl. Henri Bertand


Au musée du Louvre-Lens
Dansez, embrassez qui vous voudrez

Les fêtes galantes et pastorales au siècle de Madame de Pompadour : un sujet si léger, si beau et si élégant qu’il donne à l’hiver des airs de printemps. Par Damien Régis

Nous sommes transportés au pays des loisirs raffinés, des amours élégantes, des décors champêtres où les saisons semblent n’avoir aucune prise sur les âmes et les êtres. Les galants entourent les jeunes filles ravissantes et distinguées dans un décor de fleurs épanouies, de feuilles frissonnantes, sous des cieux aux nuances enchanteresses. Nous sommes dans la période bénie qui va de la première moitié du 18e siècle jusqu’à la Révolution. Que la fête commence, galante et pastorale bien sûr !

Tout a commencé avec Antoine Watteau lorsqu’il a été fait, en 1717, membre de l’Académie royale de peinture et de sculpture. Son grand tableau Le pèlerinage à l’île de Cythère, véritable ode au pays de l’amour, est rebaptisé Feste galante. Il dégage la voie pour un nouveau genre pictural entrouvert quelques années plus tôt par les “conversations” des peintres flamands et hollandais. Derrière Watteau vont suivre des artistes aussi illustres que François Boucher, Honoré Fragonard, Jean-Baptiste Pater, Nicolas Lancret ou Thomas Gainsborough.

Grande-Bretagne, Manufacture de Chelsea, “La leçon de musique”, vers 1765, porcelaine. Londres, Victoria and Albert Museum. Rembrandt, “Le Joueur de flûte ou L’Espiègle”, 1642,
eau-forte et pointe sèche.
Paris, musée du Louvre.

Jeanne-Antoinette Poisson a conquis les faveurs du roi Louis XV et est devenue marquise de Pompadour. Conquise par les pastorales, l’infortunée Marie Leszczynska fait appel au fameux Jean-Baptiste Oudry pour décorer de cinq pastorales son petit cabinet de travail à Versailles. Maigre consolation pour une reine trompée…

Les scènes galantes et pastorales vont vite gagner l’Europe et sortir du cadre des tableaux pour orner bijoux, tabatières, vases et autres objets de luxe. Les sept sections de l’exposition se visitent avec un réel bonheur.

Jusqu’au 29 février 2016
99, rue Paul Bert 62300 Lens
Tél. : 03 21 18 62 62 et www.louvrelens.fr

© Victoria and Albert Museum
© RMN-GP (musée du Louvre)/Tony Querrec

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