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Au château de Versailles : Le roi est mort, il y a 300 ans

Damien Regis
Kiné actualité n° 1429 - 07/01/2016

Quoi de plus logique que de choisir le château de Versailles comme écrin pour cette exposition qui célèbre le tricentenaire de la mort de Louis XIV. C'est en ces murs que la République rend au Roi Soleil un hommage à la dimension du personnage.

Roi-homme et roi-institution, Louis XIV est le seul souverain qui continue à nourrir l’imaginaire monarchique en France. “La mort du roi, alliant le religieux (mort d’un chrétien) au politique (mort et résurrection du roi, qui ne meurt jamais), de l’agonie au tombeau, tient de la représentation, du grand spectacle baroque et joue un rôle fondamental pour la société de cour dont elle marque plus que jamais les rangs”, soulignent les organisateurs de cette exposition majeure.

Louis XIV reste le roi qui fit rayonner la France bien au-delà des frontières que nous lui connaissons aujourd’hui. C’est bien cette dimension de puissance et de lumière qui marque encore aujourd’hui le souvenir de “Louis le Grand”, dont le règne fut le plus long (72 ans) et le plus glorieux de toute l’Histoire de France.

Acte de décès de Louis XIV, 1715. Registre des sépultures de la paroisse Notre-Dame de versailles.
Archives communales de Versailles.
"La mort de Louis XIV au palais de Versailles", de Thomas Jones Henry Barker (1815-1882). Vers 1835-1840. Saint-Quentin, musée Antoine Lécuyer.

En représentation jusqu’au tombeau
Le roi est mort comme il a vécu, c’est-à-dire en représentation. Loin d’être occultées, ses funérailles donnent lieu à de multiples cérémonies, de véritables spectacles baroques où les grandeurs du défunt souverain sont exaltées mais aussi ramenées à leur finitude. “Dieu seul est grand, mes frères. Et dans ces derniers moments surtout, où Il préside à la mort des Rois de la terre” : ainsi débuta la célèbre oraison funèbre de l’évêque Jean-Baptiste Massillon, rendant à Dieu seul l’épithète de “grand” que les magistrats de Paris avaient cru devoir décerner au roi.

Un parcours à travers neuf salles retrace l’œuvre, les derniers jours, la mort et les funérailles grandioses du fils d’Anne d’Autriche, dont le règne est résumé, dans la première salle, par les cinq oraisons funèbres qui montrent combien il fut grand dans le gouvernement, la guerre, la diplomatie, la religion et les arts.

Vient ensuite la description, par le marquis de Dangeau, des trois semaines qui précédèrent la mort du souverain le 1er septembre 1715. Une fin de vie en représentation avec un roi confronté à l’impuissance de ses médecins face la gangrène qui gagne sa jambe, et qui continue malgré cela ses occupations quotidiennes : travail avec ses ministres, messe, repas en public, extrême onction reçue des mains du cardinal de Rohan, audiences accordées aux princes de sang, adieux faits à la famille et notamment à son arrière-petit-fils, âgé de cinq ans, qui lui succédera sous le nom de Louis XV.

"Portrait en cire de Louis XIV à 68 ans", d'Antoine Benoist
(1632-1715) cire, verre, cheveux, dentelle, soie, velours.
Château de Versailles.

Un deuil à l’étiquette rigoureuse
La salle consacrée à l’autopsie et à l’embaumement du corps du roi, selon un rituel remontant au Moyen-Âge, ne peut laisser indifférents les professionnels de santé ! Nous est ensuite présentée la façon dont les derniers honneurs furent rendus au défunt en son palais, avec ce curieux mannequin en bois et en cire qui tint lieu de corps, aux traits du roi, avec couronne, sceptre et main de justice.

Une pièce est également consacrée au deuil officiel de la Cour, marqué non seulement par des pratiques vestimentaires codifiées mais aussi par le drapage des chambres et des carrosses.

Le convoi qui a conduit la dépouille de Louis XIV depuis Versailles jusqu’à la basilique royale de Saint-Denis a rassemblé plus de 2 500 personnes endeuillées, regroupées derrière un char funèbre entouré de flambeaux et de tambours et hautbois. C’est dans un décor théâtral et grandiose, aux couleurs noir, or et argent, que fut donnée la messe funèbre, prononcée le 23 octobre par le cardinal de Rohan, dans ce lieu associé à la monarchie française et où les Bourbons sont enterrés sans gisant ni tombeau imposant. Ce qui a été le cas pour le Roi Soleil, dont les entrailles furent placées à Notre-Dame de Paris et le cœur à l’église de la rue Saint-Antoine. à la Révolution, les reliques royales furent vandalisées, les caveaux ouverts et les restes dispersés…

Jusqu’au 21 février 2016
Château de Versailles
Tél. : 01 30 83 78 00 et www.chateauversailles.fr

© Gérard Dufrêne
© Paris, musée de lʼArmée (dist-RMN-Grand-Palais), Marie Bour.
© D.R.
© Château de Versailles (dist-RMN-Grand-Palais), Christophe Fouin.

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