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Au musée du Quai Branly :
Esthétiques du fleuve Amour

Damien Regis
Kiné actualité n° 1423 - 12/11/2015

Les Chinois anciens appelaient les peuples du bassin du fleuve Amour \"les barbares à la peau de poisson\". Cette exposition qui présente de nombreux objets de leur quotidien nous explique pourquoi.

Les objets anciens provenant des régions très reculées de la Sibérie extrême-orientale, de la fin du 19e siècle au début du 20e siècle, constituent l’un des ensembles les plus spectaculaires des collections asiatiques du musée du quai Branly. Ces pièces extrêmement rares sont montrées au public seulement maintenant car il a fallu un long travail aux conservateurs pour organiser le parcours de cette exposition qui analyse l’interaction entre le monde des hommes, la nature sauvage dans ces régions peu hospitalières et le monde des esprits, qui guidaient les faits et gestes des populations autochtones.

À travers les nombreux objets éclectiques présentés, les ethnologues du bassin du fleuve Amour entraînent le visiteur dans un univers aussi méconnu que passionnant. Les ustensiles comme les décors montrent à quel point les peuples concernés (les Nivkh, les Nanaï, les Aïnous, les Orotch et les Hezhe, minorité chinoise installée en Sibérie) entretenaient un rapport très fort et intimement lié entre le monde visible (la nature, les éléments et les animaux) et le monde invisible des esprits et des croyances. On voit aussi l’importance accordée en toutes circonstances au grand fleuve Amour, source irremplaçable de vie et de prospérité.

Plat pour le poisson, motif décoratif gravé et noirci à la suie. Bois.
52,7 x 7 x 22 cm, 335 g.
Paire de bottes de femme à décor en volutes et spirales. Peaux de saumon bossu, saumon du Pacifique, carpe de l'Amour, hucho de Sakhaline. 25,4 x 26 x 15 cm, 200 g. Œuvre restaurée grâce au soutien du Cercle Lévi-Strauss de la société des Amis du musée du quai Branly.

Des objets rituels uniques
Chez certaines peuplades, comme les Nivkh, les Nanaï ou les Aïnous, la vie est guidée par la pratique commune du rituel de l’ours. Mais, d’une façon générale, tous pratiquent en commun la chasse et la pêche aux salmonidés. Parmi les nombreux objets exposés, les plus spectaculaires sont les robes de protection en peau de poisson, dont la fabrication très rudimentaire et la solidité forcent l’admiration. Ce sont ces tenues, uniques au monde, qui ont conduit les Chinois à appeler les habitants du bassin de l’Amour les “barbares à la peau de poisson”.

Les collections spectaculaires du musée, présentées dans cette exposition, montrent de nombreux objets usuels utilisés quotidiennement par les différents peuples et liés à leur mode de vie nomade, mais aussi des ustensiles et objets rituels qui leur servaient à honorer leurs dieux. Les volutes et spirales symboliques qui ornent ces objets ne manquent pas d’originalité, ni d’élégance.

Jusqu’au 17 janvier 2016
“Esthétiques de l’Amour”
Musée du Quai Branly
37, quai Branly - 75007 Paris
Tél. : 01 56 61 70 00 et www.quaibranly.fr

© Musée du quai Bralnly, photo Patrick Gries.
© Musée du quai Bralnly, photo Claude Germain.
© Musée du quai Branly, photo Claude Germain.

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