Rivale de Barcelone : Madrid et son royal passé
Damien Regis
Kiné actualité n° 1413 - 03/09/2015
Même si, comme ailleurs, la crise y a ralenti les ardeurs, Madrid reste dans l’élan de frénésie, de vie et de créativité né au début des années 80, après le tunnel des années Franco. Les immigrés de retour, les talents rentrés d’Amérique du Sud, les artistes accourus de tout le pays ont donné à Madrid une énergie incomparable. Pendant une nuit au moins, un touriste se doit d’arpenter la ville d’un quartier à l’autre pour faire la marcha, c’est-à-dire faire la fête, boire et chanter. Une expérience grisante !
Le palais de Cristal au Parque del Retiro. |
Ce sens de la fête se retrouve toute l’année, dans les rues, lors des traditionnelles manifestations religieuses et civiles. Dans une ambiance bon enfant, les Madrilènes saisissent toutes les occasions d’être ensemble. Toute la période de Noël y est propice, que ce soit sur la plaza Mayor où se tient l’un des plus grands marchés de Noël d’Europe ou au centre culturel de la plaza Colon où se déroule chaque 24 décembre le grand concours de chant de la Nativité, le Certamen de Villancicos. Et ce n’est qu’à l’issue du défilé des Rois mages, entre le parc du Retiro et la plaza Mayor, le 5 janvier, veille de l’Épiphanie, que les enfants de Madrid recevront leurs cadeaux.
La Semaine Sainte voit aussi les processions se multiplier dans les rues noires de monde, avec des Vierges richement parées de bijoux promenées à dos d’hommes sur des brancards. Même si les jeunes Espagnols ont pris de la distance avec la religion, les traditions sont respectées par tous. C’est aussi vrai pour le 15 août, fête d’une Vierge Marie très vénérée, surtout dans le quartier de San Antonio de la Florida.
Entre carnaval et corridas
Le Carnaval, interdit sous le franquisme, s’impose comme le plus grand rassemblement populaire avec des dizaines de milliers de personnes déguisées, dans les avenues envahies par la musique et les chants. Pendant les cinq jours qui précèdent le Carême, la capitale connaît une ambiance indescriptible. Les festivités se terminent par “l’enterrement de la sardine”, à la Fontaine des Pajaritos, suivi d’un grand feu de joie sensé brûler les mauvaises actions de chacun.
La cathédrale de l'Almuneda. |
Si les adversaires de la corrida ne manquent pas en Espagne, la tauromachie reste cependant associée au patrimoine madrilène. Rien de plus prestigieux pour les amateurs que d’assister à une corrida, à pied ou à cheval, dans les arènes de Las Ventas, les plus importantes du monde. L’autre temps fort de la tauromachie se situe aux fêtes de San Isidro (saint patron de la ville), entre le 15 et la fin mai. Depuis le légendaire El Cordobes, les stars de la discipline s’y donnent rendez-vous. Un long week-end ne suffit pas pour visiter la ville et ses monuments et musées. Parmi les incontournables, il y a bien sûr le Prado, l’un des plus importants du monde, avec ses grands classiques de la peinture espagnole (Goya, Velasquez, le Grecco…) et nombre de maîtres européens. Pour la qualité de sa présentation et la richesse de ses collections, il faut impérativement voir le musée Thyssen-Bornemisza. Enfin, les amateurs d’art contemporain se doivent de visiter le Centro de Arte Reina Sofia, considéré comme le Centre Pompidou espagnol.
Un haut lieu du catholicisme
Ancienne résidence des rois d’Espagne construite en 1734 après l’incendie de l’Alcazar, et ayant fait l’objet d’une splendide remise en état, le Palacio Real est un pur chef-d’œuvre renfermant des objets rares et de grande valeur dans un décor classique, baroque et rococo. Ne pas manquer les jardins, un véritable havre de paix. N’hésitez pas non plus à vous rendre dans l’insolite gare Estacion de Atocha, avec sa spectaculaire architecture à structures métalliques et son étonnant jardin tropical intérieur. C’est elle qui accueille le TGV espagnol. Une vraie curiosité.
Marché de Noël à la plaza Mayor. |
Il ne faut pas quitter Madrid sans une visite de la basilique San Francisco el Grande, non seulement pour sa taille imposante et son dôme de 32 mètres de diamètre mais aussi pour les tableaux de maîtres qu’elle contient : Goya, Ribera, Velasquez, Zurbaran… Construit au 18e siècle et dédié à Saint-François d’Assise, ce monument religieux reflète bien la place du catholicisme dans l’Espagne d’hier. L’autre édifice religieux à voir est le monastère de las Descalzas Reales, dont les collections privées recèlent des tapisseries réalisées d’après des cartons de Rubens.
Entre deux visites, on peut trouver refuge dans le Parque del Retiro, le “poumon de Madrid”, idéal pour se mettre au vert dans un joli cadre.
On peut faire de la barque sur le lac et visiter le Palais de Cristal, avec son élégante architecture de fer et de verre et ses azulejos remarquables.
En savoir plus■ Office espagnol du tourisme ■ Guide Un grand week-end à Madrid (avec plan inclus). |
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