Paix et sérénité à Johannesburg : Vivre dans la maison de Gandhi
Damien Regis
Kiné actualité n° 1403 - 30/04/2015
Avec ses dix millions d'habitants et ses quartiers de villas luxueuses qui jouxtent d'immenses zones d'une extrême pauvreté, Johannesburg est une mégalopole aux cent visages, à l'histoire violente et dont les plaies n'ont pas fini de cicatriser. En témoignent les clôtures électrifiées des belles demeures, mais aussi les immeubles du centre-ville abandonnés par leurs propriétaires blancs depuis la fin de l'apartheid. S'ils représentent moins de 10 % de la population, les Blancs ont gardé la haute main sur l'économie et la finance, secondés par une élite noire et jeune, souvent en opposition avec les incessantes menées subversives de certains leaders noirs qui manipulent les plus pauvres, sans éducation ni emploi.
La statue géante de Mandela à Pretoria. | L'intérieur de la maison-musée de Gandhi. |
La personnalité et les combats de Nelson Mandela sont omniprésents. Le touriste ne peut y échapper, que ce soit dans le quartier de Sandton (le plus riche d'Afrique) où trône une statue géante, ou dans l'immense musée de l'apartheid où sont retracées, de façon passionnante, les grandes étapes des luttes conduites par le héros national. Trois heures sont nécessaires pour revisiter l'histoire du long combat mené pour la dignité des Noirs et autres minorités.
Richesse et pauvreté : le pays des extrêmes
Avec un guide aux épaules de garde du corps, il faut absolument aller sillonner le légendaire quartier géant de Soweto où vivent près de 3,5 millions de personnes qui ont établi entre elles une hiérarchie sociale. Celles qui ont réussi y ont fait construire de jolies villas, en face des bidonvilles qui s'étendent à perte de vue. Mandela avait fait édifier là des milliers de petites maisons gratuites (avec interdiction de les revendre pendant sept ans) et d'autres avec occupation libre pendant 99 ans ! Époustouflante ville en marge de la ville, Soweto permet de voir dans la même rue, à deux cents mètres de distance, les maisons de deux prix Nobel de la Paix, Mandela et Mgr Desmond Tutu !
Pour regagner le centre-ville, on traverse Alexandra, l'autre immense quartier pauvre à donner le frisson. Les familles y vivent entassées et, dans ce cloaque prospère l'église protestante "Le Sillon" qui fait prier ses fidèles au milieu des terrains vagues, faute de lieux de culte. Au loin s'élèvent les terrils de terre jaune des anciennes mines d'or, d'où sortaient 35 % de la production mondiale !
Dans le centre de "Jobourg", de petits Brooklyn font vivre des communautés de jeunes artistes, comme à Maboneng, avec des bars à l'ambiance "bobo" et décontractée. Le Bus Factory regroupe des peintres et sculpteurs dans les immenses anciens entrepôts des bus urbains. Pas loin de là, les anciens silos à grain ont été transformés en appartements.
Après de telles visites, l'ancienne maison de Gandhi, la "Satyagraha House", offre un îlot de calme et de sérénité incomparable. C'est en partie là que le mahatma a conçu sa célèbre théorie de la non-violence, en opposant à ses ennemis "l'étreinte de la vérité" (la satyagraha). Pendant dix-sept ans, en Afrique du Sud, où il défendit la cause des immigrés indiens traités comme des sous-hommes, Gandhi s'est préparé à chasser les Anglais des Indes.
La "Satyagraha House", conçue en 1908 par l'architecte allemand Kallenbach, ami très proche du leader indien, est aujourd'hui un musée et aussi une guest house avec quelques chambres au confort simple. Toit végétal et pièces en forme de huttes, c'est un lieu magique, un peu à l'écart du monde, où l'on puise une énergie nouvelle. Silence, méditation, massages, délicieuse cuisine végétarienne maison, bibliothèque sur Gandhi… C'est là qu'il faut vivre quelques jours avant ou après toute découverte de "Jobourg" et de l'Afrique du Sud. Une expérience inoubliable.
Un groupe de danseurs dans Soweto. |
Sur la piste des éléphants
De Johannesburg peut commencer un séjour (deux semaines si possible) qui conduit à Pretoria, la verdoyante capitale administrative (70 000 jakarandas couverts de fleurs bleues au printemps) où se trouve la plus grande statue de Mandela (9 m de haut) face au palais présidentiel. Le clou du voyage est l'immense parc Kruger (400 km sur 90), avec ses très nombreux grands animaux sauvages (lions, éléphants, rhinocéros…) à découvrir au lever et au coucher du soleil. Là se trouvent des lodges privés très confortables. On peut aussi faire un safari dans le parc de Madikwe.
Vient ensuite la traversée sur deux jours du magnifique Swaziland, à la nature intacte, jusqu'à la ville côtière de Santa Lucia, avec ses plages de rêve et des milliers d'hectares d'étangs où pullulent hippopotames et crocodiles.
Avant la fin du périple, il faut séjourner trois ou quatre jours au Cap, la cité balnéaire la plus réputée du pays, qui offre un front de mer grandiose. Surtout, ne pas manquer la spectaculaire route des vins.
En savoir plus■ Ni passeport, ni vaccin. Pas de décalage horaire (même fuseau horaire).■ Saison idéale : de mi-octobre à avril. ■ Le meilleur voyagiste pour l'Afrique du Sud est Voyageurs du Monde (propriétaire de la Satyagraha) qui organise des séjours et circuits sur mesure, avec des prestations au choix. Long week-end de cinq jours à partir de 2 100 € par personne (www.voyageursdumonde.fr/voyage-sur-mesure/voyage-afrique-du-sud-johannesbourg/grand-week-end). 55, rue Sainte-Anne 75002 Paris. Tél. : 01 42 86 16 00. |
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