Réflexions...
Aude Quesnot
Kinésithér Scient 2017,0590:01 - 10/09/2017
Le paradigme associant un équilibre médico-économique et la qualité de prise en charge des patients durant la période estivale ressemble à un cheval qui, ayant pris le mors aux dents, devient difficilement contrôlable...
Essayons de nous extraire de ce quotidien parfois délicat pour tout professionnel de santé et poursuivons notre réflexion sur les perspectives que nous apporte l’amélioration des connaissances sur la plasticité cérébrale.
Je réécoutais avec plaisir les conférences de Jean-Pierre Changeux, neurobiologiste renommé, Professeur au Collège de France, sur l’étude du cerveau et la notion de percept sublime que l’on pourrait qualifier d’émotion particulière face à une œuvre d’art.
Cette émotion particulière qui peut survenir, par exemple à l’écoute d’un morceau des suites pour violoncelles de Bach ou à l’observation de l’architecture des musées de Franck Gehry, avait été initialement décrite comme le syndrome de Stendhal, à savoir un trouble psychosomatique qui se caractérise comme une surcharge d’émotion chez les voyageurs appréciant les œuvres d’art.
Ces symptômes, initialement ressentis par Stendhal en 1871 en visite à Florence, ont éveillé la curiosité de la psychiatre italienne Graziella Magherini qui a recensé jusqu’en 1989 ces étonnants cas médicaux. Accélération du rythme cardiaque, troubles de l’équilibre, gorge nouée, besoin de s’asseoir, ces signes nullement légendaires sont maintenant recensés également en France, que ce soit à la lecture d’un ouvrage, à la vue d’un paysage ou au son d’une musique.
Jean-Pierre Changeux et Stanislas Dehaene émettent l’hypothèse qu’il existerait une « résonnance » particulière aux perceptions d’une œuvre d’art entre un aspect émotionnel guidé par notre système limbique et un aspect cognitif issu de notre contexte frontal, telle une association parfaite entre nos émotions et nos connaissances.
L’étude de la plasticité cérébrale fonctionnelle est déjà utilisée dans la limite de nos connaissances actuelles dans la rééducation des troubles neurologiques de type accident vasculaire cérébral ou pour des pathologies particulières comme le syndrome douloureux régional complexe.
Il semblerait que la plasticité cérébrale structurelle puisse également être modifiée, par exemple dans les lombalgies chroniques où le cortex cérébral diminuerait de volume en fonction de l’intensité de la douleur et de la restriction de mobilité dans laquelle s’enferme le patient. Ces phénomènes réversibles au même titre que l’amyotrophie musculaire méritent tout l’intérêt et la curiosité de notre profession.
L’hypothèse est « Pouvons-nous modifier grâce à la rééducation la structure fonctionnelle et structurelle du cerveau dans les pathologies du système nerveux et du système locomoteur, et comment ? ». Vous aurez le plaisir de découvrir ces futurs articles dans les prochains numéros de Kinésithérapie Scientifique.
Appliquons les Evidence Based Practice et développons nos futurs champs de recherches et les techniques qui en découleront.
Bonne rentrée !
© D.R.