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L'évaluation musculaire manuelle par l'échelle MRC

Jean-Pierre Bleton
Kinésithér Scient 2013,0547:61-62 - 10/10/2013

L’évaluation manuelle de la force musculaire est un élément clé du diagnostic kinésithérapique ; elle permet d’apprécier l’effet de la rééducation au cours de l’évolution du traitement.

La gradation de la force musculaire est appréciée au moyen de l’échelle numérique développée par le Medical research council (MRC) (grades 0 à 5) [1]. L’échelle MRC, comme les évaluations décrites par Kendall et McCreary [2], Daniels et Worthingham [3] et Lacote et al. [4], sont construites suivant le même principe d’une gradation en six catégories : normal (5), bon (4), passable (3), pauvre (2), trace (1) ou zéro.

La forme modifiée de l’échelle MRC (Modified MRC - MMCR) comprend 11 grades par l’association de subdivisions pour les grades 5, 4 et 3. Les 11 grades de la MMRC sont : 5, 5-, 4+, 4, 4-, 3+, 3, 3-, 2, 1, 0 [5]. Cette méthode est relativement rapide et n’exige pas de matériel particulier. Les informations recueillies ne donnent qu’une idée subjective de la force musculaire développée par un muscle. Elles n’apportent pas de renseignement sur la capacité du patient à réaliser des activités fonctionnelles ou de confirmer qu’il a retrouvé son niveau d’activité normal. Cette capacité est mieux appréciée avec des tests fonctionnels.

L’évaluation musculaire manuelle par l’échelle MRC est une gradation ordinale, ce qui signifie que les différents degrés qui la composent ne présentent pas un ordre égal de grandeur. En d'autres termes, la force nécessaire pour passer de 0 à 1 (trace) est différente de la force nécessaire pour passer de 4 (bon) à 5 (normal). Par conséquent, les notes obtenues par cette évaluation musculaire manuelle ne sont pas utilisables pour les calculs arithmétiques.

Pour la réaliser, le patient est placé dans une position permettant un soutien de l’ensemble de son corps afin qu'il puisse concentrer son effort sur la partie à tester.

• La partie à tester est placée dans un premier temps dans une position antigravitaire. Si les muscles sont trop faibles pour déplacer le segment contre la pesanteur, ils sont testés dans le plan horizontal.

• La partie proximale du membre testé est stabilisée de manière à réduire le risque de compensation par des muscles autres que ceux testés.

• La résistance manuelle est appliquée directement dans le plan de déplacement des muscles testés.

• La résistance est appliquée par une pression progressive et non de manière brusque. Le bras de levier est long dans la plupart des cas.

• Les deux côtés, droit et gauche, sont évalués l’un après l’autre pour en permettre la comparaison, en particulier lorsque la pathologie n’affecte qu’un côté.

Les échelles de graduation de la force musculaire utilisent la gravité et le sens proprioceptif de l'examinateur comme paramètres d’évaluation de la force musculaire.

Cette évaluation présente des points faibles de deux ordres :

- la force nécessaire pour soulever le segment contre la pesanteur exprimée en pourcentage de la force normale (cotation 5) est différente d’un muscle à l’autre comme le rappelle van der Ploeg et al. [6]. Le muscle biceps a besoin de 2 % de sa force normale pour surmonter la gravité, un abducteur de hanche 24 % et le muscle supinateur moins de 1 % ;

- la perception de la force musculaire par l'examinateur est subjective. Il est en partie possible de combler ces lacunes par des évaluations complémentaires quantitatives, comme l’utilisation de dynamomètre.

En raison de la présence de facteurs subjectifs comme l’intensité de la résistance à appliquer, il s’avère important d’utiliser des procédures d’évaluation musculaire reconnues, de prévenir les compensations de manière stricte pour donner une bonne fiabilité aux résultats obtenus. Basés sur les connaissances tirées de la physiologie musculaire, les tests sont assez similaires dans les principales publications reconnues [2-4]. Les différences entre auteurs, souvent minimes, portent essentiellement sur la sélectivité d’action des muscles évalués. Tous appliquent la gradation de l’échelle MRC ou de l’échelle MRC modifiée (MMRC) qui a fait l’objet d’études de validation.

Initialement utilisée dans les atteintes neurologiques périphériques, les échelles MRC et MMRC sont de plus en plus souvent utilisées pour évaluer le déficit dans les affections centrales comme après les accidents vasculaires cérébraux [7]. La nécessité d’apprécier l’état de la force musculaire pour envisager les injections intramusculaires de toxine botulique dans les membres spastiques en font une aide à la décision essentielle [8].

Il apparaît néanmoins que ces échelles ne sont pas utilisables dans les pathologies aiguës et évoluées des dysfonctions cérébrales comme chez les patients en situations critiques lors des comas ou de délires [7].

Bien qu’étant une évaluation clinique subjective, les échelles Medical research council et Modified medical research council montrent une substantielle fiabilité inter- et intra-examinateurs dans l’évaluation manuelle de la force musculaire.

BIBLIOGRAPHIE

[1] Medical research council. Aids to the investigation of peripheral nerve injuries. 2nd ed. London: Her Majesty's Stationery Office, 1943.
[2] Kendall FP, Mc Creary EK. Muscles: Testing and function. 3th ed. Baltimore: Williams and Wilkins, 1983.
[3] Daniels L, Worthingham C. Muscle testing: Techniques of manual examination. Philadelphia: W.B. Saunders, 1980.
[4] Lacote M, Chevalier AM, Miranda A, Bleton JP. Clinical evaluation of muscle function. London: Churchill Livingstone, 1987.
[5] Medical research council of the United Kingdom. Aiak to examination of the Penphera1 nervous system: Memorandum n° 45.Palo Alto, CA: Pedragon House, 1978.
[6] Van der Ploeg RJ, Oosterhuis HJ, Reuvekamp J. Measuring muscle strength. J Neurol 1984;231(4):200-3.
[7] Hough CL, Lieu BK, Caldwell ES. Manual muscle strength testing of critically ill patients: feasability and interobserver agreement. Crit Care 2011;15(1):R43.
[8] Mancini F, Sandrini G, Moglia A, Nappi G, Pacchetti C. A randomized, double blind, dose ranging study to evaluate efficacy and safety of three doses of botulinum toxin type A (Botox) for the treatment of spastic foot. Neurol Sci 2005 Apr;26(1):26-31.

 

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