Daniel Paguessorhaye :
«Nous avons reçu une douche froide»
Sophie Conrard
Kiné actualité n° 1464 - 03/11/2016
Kiné actualité : En tant que président du premier syndicat représentatif de la profession, quelles sont vos attentes, à la veille de l’ouverture des négociations ?
Daniel Paguessorhaye : Nos attentes sont proportionnelles à la très longue attente que nous avons subie depuis les dernières négociations (en 2012). Mais nous avons reçu une véritable douche froide, en particulier lors de la CSPN du 19 octobre dernier [1]. Non seulement nous avons constaté qu’un certain nombre de groupes de travail ont été suspendus en vertu de la seule volonté de la Caisse, mais en outre, lors de la CSPN, nous n’avons pu avancer sur aucun dossier. Même pas sur les groupes de travail qui auraient dû se réunir en amont des négociations ! De plus, avec les CPAM, la Cnamts se lance dans une chasse aux sorcières qui est de bien mauvais augure pour nos futures relations conventionnelles.
Dans quelle mesure espérez-vous que vos attentes seront satisfaites ? La Caisse dit qu’elle a déjà lâché beaucoup d’argent pour les médecins…
Si le contexte économique est tendu, on nous serine depuis quelques temps que le “trou de la Sécu” a été comblé. S’il a été comblé, c’est en grande partie grâce au respect de l’Ondam de ville qui nous est imposé d’année en année. Cela doit donc permettre de répondre au besoin vital d’une véritable revalorisation tarifaire pour les masseurs-kinésithérapeutes. D’autres professions en ont obtenue, il n’y a donc rien qui empêche qu’il en soit de même pour nous.
"Les kinésithérapeutes ne doivent pas être
considérés a priori comme des fraudeurs !"
Ce cycle de négociations doit également permettre le retour d’une vie conventionnelle normale, c’est-à-dire avec des droits et des devoirs respectés par les deux sections, sociale et professionnelle. Ce système conventionnel, auquel la FFMKR reste très attachée, ne doit pas être dévoyé. Pour commencer, les masseurs-kinésithérapeutes ne doivent pas être considérés a priori comme des fraudeurs ! Les réunions prévues par la convention doivent avoir lieu, sans que nous soyons obligés de les réclamer, et servir à avancer sur les différents dossiers. Deux CSPN sont prévues chaque année. Or en 2016, une seule a eu lieu. Et encore, c’est parce que la FFMKR l’a exigée !
Où en sont les relations entre la profession et la Caisse ?
Vous aurez compris que les relations actuelles ne sont pas satisfaisantes. La profession ne peut pas accepter que les réunions soient annulées les unes après les autres, au motif (je cite la réponse de la section sociale, c’est-à-dire de la Cnamts) que “nous manquons de juristes et nous avons été très pris par la négociation des médecins”…
Avez-vous pu travailler avec la Caisse en amont de ces négociations, en particulier sur le sujet qui s’annonce comme l’une des clés de cette négociation : la démographie ?
Et bien non, justement, la caisse ayant annulé de son propre chef les réunions qui étaient prévues. Or nous savons que ce n’est pas au cours de quelques séances de négociation que nous réussirons à résoudre les problèmes posés par cette thématique. Je vois deux options : soit la Caisse a prévu de faire un “copier-coller” de l’ancien avenant n°3, qui avait instauré les mesures démographiques incitatives et coercitives, soit elle a prévu de diluer ces négociations jusqu’à après les élections présidentielles, ce qui rendrait de facto toute signature inenvisageable.
[1] Commission socio-professionnelle nationale. Lire Ka n°1463 p. 11.
© D.R.