«Sélectif» à plus d'un titre
Sophie Conrard
Kiné actualité n° 1463 - 27/10/2016
Examinant le PLFSS pour 2017, la commission des affaires sociales de l’Assemblée a décidé de proposer le conventionnement sélectif pour les médecins libéraux dans les zones surdenses. Rappelons qu’un tel dispositif existe déjà chez les infirmiers et les sages-femmes, et qu’il est “en voie d’être mis en place chez les chirurgiens-dentistes et les masseurs-kinésithérapeutes”, expliquait une agence de presse la semaine dernière. Ah bon ? Certes, tout le monde sait que cela sera l’une des clés des négociations conventionnelles, mais tout de même : les discussions n’ont même pas commencé ! Peut-être que la proposition de l’assurance maladie sera inacceptable et que les syndicats refuseront de signer…
Pour les médecins, ce n’est pas la première fois qu’on parle de conventionnement sélectif. La Cour des comptes émet régulièrement des propositions en ce sens. Les députés tentent le coup chaque année, en septembre, depuis que les “déserts médicaux” sont devenus un problème incontournable et alarmant. Mais Marisol Touraine y a toujours été opposée. Bizarrement, elle n’a jamais protesté quand il en a été question pour les autres professions.
“Si on crée un système où on empêche les gens de s’installer dans une zone surdense, [le médecin concerné] n’ira pas obligatoirement s’installer dans une zone désertique”, a observé Jean Léonetti, député LR des Alpes-Maritimes et membre de la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, hostile à cet amendement. L’argument est valable, et il est essentiel que ce type de mesures coercitives soit accompagné de mesures réellement incitatives. Mais alors (car je ne peux pas croire qu’il y ait deux poids, deux mesures en la matière), on entendra aussi sa voix s’élever quand il en sera question pour les masseurs-kinésithérapeutes ?
© D.R.