Disparition de Pol Lorin :
un homme très attachant
Sophie Conrard
Kiné actualité n° 1457 - 15/09/2016
Sa gentillesse et son sourire étaient devenus légendaires pour ceux qui l’ont connu. “Bien que très ancré dans son époque, Pol était un honnête homme tel qu’on l’entendait au 17e siècle.
Outre ses qualités humaines, il a su s’attirer la sympathie de tous avec un professionnalisme hors pair”, tient à souligner Daniel Paguessorhaye, président de la FFMKR. Il était aussi un éternel optimiste, “ce qui ne m’avais sans doute pas permis de prendre la mesure de la gravité de sa maladie.
Je l’avais eu au téléphone cet été et il m’avait rassuré. Pol était comme ça : c’est lui qui était malade mais c’est lui qui donnait des nouvelles rassurantes”. Outre son optimisme, “je garderai le souvenir, comme tous les membres du conseil fédéral qui l’ont côtoyé pendant huit ans, de son attachement indéfectible à sa profession et à la FFMKR”, souligne Daniel Paguessorhaye. Pol Lorin insistait en effet sur le fait qu’il avait choisi sa profession “par vocation”, et surtout pas par défaut. Il avait pris sa retraite récemment, quittant à regret un métier “passionnant” et souhaitant à ces jeunes diplômés qu’il parvenait à attirer dans les zones sous-dotées de son département de vivre avec autant d’enthousiasme leur carrière professionnelle.
“Pol était aussi très respectueux des autres. Dans nos combats syndicaux, je l’ai toujours vu chercher le consensus, s’efforcer de ne blesser personne”, admire le président de la FFMKR. Ce qui ne l’empêchait pas d’avoir des convictions profondes : “Il avait une haute idée de la masso-kinésithérapie et la défendait bec et ongles, avec acharnement.”
Cet “acharnement” était l’une de ses qualités principales, tous ceux qui l’ont côtoyé s’accordent sur ce point. “Combien de fois lui ai-je dit de ralentir un peu son rythme de travail ! Lorsque nous en parlions, j’étais toujours impressionné par ses plannings journaliers”, confirme Daniel Paguessorhaye. Il a suivi en particulier la réforme de la formation initiale, et impulsé la création de l’IFMK de Reims en 2007.
Une inextinguible soif d’apprendre
Avant de s’installer en cabinet libéral dans sa campagne argonnaise et champenoise, exerçant “exclusivement en manuel et un jour sur deux à domicile”, rappelait-il récemment, il a multiplié les expériences professionnelles, en particulier en Île-de-France : “à Garches, à l’Hôtel-Dieu avec le Dr Maigne, aux Invalides, à Lariboisière, à Villejuif, à Limeil-Brévannes en pédiatrie, à Fernand-Vidal, mais aussi à l’Insep avec le médecin du Tour de France et au Centre de préparation omnisports de Vittel avec les équipes de France militaires, ou encore à Lamalou-les-Bains…”
Formé à l’ostéopathie, il a bien connu Albert Bénichou, “qui invitait dans son cabinet les meilleurs ostéopathes anglais et américains de l’époque, pour échanger avec quelques confrères”, nous avait-il raconté. Il a aussi goûté à la sophrologie clinique, passant un Master sous la houlette du Dr Alfonso Caycedo.
Même après avoir quitté le conseil fédéral à la fin de sa carrière, il suivait de près l’actualité de sa profession, “manifestant en juillet sa joie de voir la FFMKR sortir vainqueur des élections à la Carpimko”, se souvient Daniel Paguessorhaye, qui souhaite insister sur le fait que Pol Lorin “restera longtemps pour nous un exemple. Pour ce qu’il a fait pour nous, pour notre profession, pour la FFMKR, je l’en remercie. Pol, nous ne l’oublierons pas et nous ne t’oublierons pas. En mon nom personnel et au nom de la FFMKR, je présente nos plus sincères condoléances à ta famille et tes proches”.
Repères■ 14 juin 1949 : naissance |
© Jean-Pierre Gruest/Kiné actualité