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Intérêt du pédalage et du mouvement forcé dans la maladie de Parkinson

Jean-Pierre Bleton
Kinésithér Scient 2013,541:59 - 10/05/2013

L’activation motrice et la rééducation sont reconnues comme des compléments essentiels du traitement médical de la maladie de Parkinson idiopathique (MPI). Bien menée, l’activité motrice améliore la symptomatologie motrice sans risquer de provoquer des effets secondaires.

La variabilité au cours de la journée de la sévérité des symptômes (périodes « On » et « Off ») et le mode évolutif de la maladie rendent difficile d’apprécier l’efficacité des techniques de rééducation et de proposer celles qui apportent le maximum de résultats. Aussi, de nombreuses options rééducatives sont à la disposition des kinésithérapeutes qui les appliquent, le plus souvent en fonction de leur expérience. Parmi celles-ci, le mouvement forcé est un concept nouveau et original dans le champ de la rééducation de la MPI.

Il avait déjà pu être observé une amélioration de la symptomatologie motrice chez les personnes atteintes de MPI qui pratiquaient le tandem comme activité physique. Le bénéfice en a été attribué à l’exercice forcé : le malade parkinsonien étant obligé de suivre le rythme imposé par le pilote du tandem.

Des études récentes sur des rats ont confirmé l’effet positif du mouvement forcé (« Forced exercises »). Ces observations sont à l’origine des programmes de pédalage à un rythme forcé proposés aux patients souffrant de MPI (Cleveland clinic) [1].

Plusieurs études sont venues en confirmer l’efficacité :

- des patients atteints de MPI (n = 10) ont été soumis à un entraînement intensif sur home-trainer thérapeutique. Ils avaient à pédaler à une vitesse 30 % plus élevée que la vitesse naturellement choisie. Un tel entraînement prolongé sur une durée de 8 semaines a montré une amélioration significative de 35 % à l’échelle UPDRS (Unified Parkinson disease rating scale) [2] ;

- des patients MPI (n = 10) débutants (stades de Hoehn et Yahr de 1 à 3) testés après 40 minutes de pédalage assisté par un cycle avec entraînement motorisé du pédalier ont, d’une part bien toléré l’exercice sans présenter de fatigue excessive et, d’autre part montré des améliorations du tremblement et de la bradykinésie immédiatement après une seule séance de ce type de pédalage [3].

Ces résultats semblent montrer que les altérations de la fonction cérébrale sont modifiées par l’exercice volontaire forcé. Les patients ont, du fait de leur maladie, une diminution de leur activation corticale, donc une réduction de la possibilité d’induire un changement de la fonction cérébrale qui est susceptible d’amélioration par le pédalage rythmé.

Des études menées dans le laboratoire de recherche de la Cleveland clinic par Albert et al. [4] ont montré une augmentation de l’activité de l’aire motrice supplémentaire après exercices forcés. Cette augmentation de l’activité cérébrale est similaire à celle observée après les prises de Lévodopa.

Non seulement les possibilités motrices comme la marche sont améliorées, mais une étude menée sur des patients parkinsoniens a montré que le pédalage passif améliorait également les fonctions motrices exécutives [5]. L’effet en est attribué à l’augmentation du flux sanguin cérébral résultant de l’activation motrice.

Il a été également mis en évidence que non seulement les activités motrices globales comme la marche, mais également la motricité fine de la main, sont améliorées sous l’effet de l’activité des membres inférieurs. Ce résultat est un argument en faveur de l’effet bénéfique du pédalage sur le contrôle moteur central [6].

L’élément clé de cette approche rééducative paraît être le pédalage, et non la résistance du cycle. Le pédalage forcé réduit la dysrythmie qui perturbe les mouvements répétitifs.

L’utilisation du cycle-ergomètre (fig. 1) ou d’un appareil de type home-trainer peut donc être une alternative utile et facile d’emploi chez les malades parkinsoniens qui éprouvent des difficultés à pratiquer les programmes d’autorééducation habituellement recommandés, avec des possibilités de résultats dépassant la simple activité des membres inférieurs.

Figure 1

La rééducation de la MPI évolue, de nouveaux concepts sont proposés comme le renforcement musculaire ou la rééducation « des grands gestes » (« Big Step therapy »), désormais les mouvements forcés. Ces différentes approches rééducatives nous conduisent à repenser nos façons d’aborder la rééducation de la MPI.

BIBLIOGRAPHIE

[1] Tajiri N, Yasuhara T, Shingo T, Kondo A, Yuan W, Kadota T et al. Exercise exerts neuroprotective effects on Parkinson’s disease model of rats. Brain Res 2010 Jan;1310:200-7.
[2] Ridgel AL, Vitek JL, Alberts JL. Forced, not voluntary, exercise improves motor function in Parkinson’s disease patients. Neurorehabil Neural Repair 2009 Aug;23(6):600-8.
[3] Ridgel AL, Kim C-H, Fickes EJ, Muller MD, Alberts JL. Changes in executive function after acute bouts of passive cycling in Parkinson’s disease. J Aging Phys Act 2011 Apr;19(2):87-98.
[4] Alberts JL, Linder SM, Penko AL, Lowe MJ, Phillips M. It is not about the bike, it is about the pedaling: Forced exercise and Parkinson’s disease. Exerc Sport Sci Rev 2011 Oct;39(4):177-86.
[5] Ridgel AL, Kim C-H, Fickes EJ, Muller MD, Alberts JL. Changes in executive function after acute bouts of passive cycling in Parkinson’s disease. J Aging Phys Act 2011 Apr;19(2):87-98.
[6] Laupheimer M, Härtel S, Schmidt S, Bös K. Forced exercise-effects of MOTOmed® therapy on typical motor dysfunction in Parkinson’s disease. Neurol Rehabil 2011;17(5/6):239-46.

© J.-P. Bleton

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