Purée de pois
Sophie Conrard
Kiné actualité n° 1452 - 23/06/2016
Un épais brouillard entoure la réforme du DPC qui est sur le point de se déployer au 1er juillet. Les décrets qui doivent préciser beaucoup de choses sont attendus d’ici-là… mais à l’heure où ce journal a été mis sous presse, ils n’avaient pas été publiés. Sous certains aspects, cette réforme est pertinente. Il était par exemple urgent de mettre fin au gaspillage d’une partie des fonds en formations “exotiques”, pour reprendre le vocabulaire employé par certains, et de recentrer le DPC sur votre cœur de métier. Alors qu’avant on évaluait et on accordait les agréments aux organismes de DPC (parfois à l’aune d’un seul programme du catalogue !), désormais chaque programme pourra théoriquement être examiné à la loupe. Dans l’absolu c’est une bonne chose, mais je dis “théoriquement” car cela demanderait des moyens humains colossaux qui n’existent pas.
En pratique, l’équipe chargée d’examiner les dossiers ne pourra qu’en piocher certains au hasard, et des programmes farfelus passeront à travers les mailles du filet. Par ailleurs, on pourrait croire qu’une profession forte de 85 000 représentants mérite sa propre commission scientifique indépendante, mais non. Vous resterez noyés dans une CSI paramédicale, vous continuerez de juger de la qualité de programmes destinés à d’autres paramédicaux alors que vous n’y connaissez pas grand-chose… et réciproquement !
Comme si ce n’était pas suffisant, la réforme va probablement ajouter à la confusion dans l’esprit des professionnels avec la mise en place du “document de traçabilité” (quel joli nom !) supposé récapituler le parcours de formation de chacun. Le jargon technico-administratif employé va en décourager plus d’un et son fonctionnement ne semble pas très intuitif ! Difficile, dans ces conditions, de croire que cette réforme va redonner confiance dans le système aux masseurs-kinésithérapeutes.
© D.R.