Se former, s'informer, s'entourer...

Etat des lieux des recommandations depuis 10 ans portant sur les lombalgies et lombo-radiculalgies chroniques (2e partie)

Jacques Vaillant
Kinésithér Scient 2014,0559:37-38 - 10/11/2014

Nous clôturons ce mois-ci la comparaison des différentes recommandations publiées sur la prise en charge des lombalgies et lombo-radiculalgies chroniques, en faisant la synthèse de celles-ci portant sur le traitement rééducatif (tab. I).

Tableau I
Synthèse des recommandations

Exercices centrés sur le rachis

Les exercices actifs et passifs centrés sur le rachis bénéficient de recommandations. On distingue, d’une part, les exercices actifs multidirectionnels (renforcement et proprioception), et les exercices actifs réalisés selon la préférence directionnelle (Mc Kenzie). Il ressort de façon constante et princeps que le patient doit être actif dans sa réadaptation physique. Ces recommandations, dont la cohérence est à souligner, sont formulées avec un grade A, c’est-à-dire un haut niveau de preuve. Elles sont étayées par des travaux de bonne qualité scientifique.

Par ailleurs, les exercices visant à redonner de la mobilité en flexion, et ceux destinés à mobiliser les contenus neuroméningés sont également recommandés. Mais leur étayage sur la littérature scientifique est plus fragile, ou plus exactement, les travaux qui sous-tendent l’intérêt de ces techniques sont de plus modeste qualité (grade C).

Manipulation et thérapie manuelle

La mobilisation et les thérapies manuelles sont recommandées de façon très inconstante dans la prise en charge de la lombalgie chronique.

Exercices d'endurance ou aérobies

Quatre recommandations conseillent la réalisation d’exercices aérobies ou d’endurance visant à « reconditionner » les sujets souffrant de lombalgie chronique. Il s’agit tout à la fois de résoudre le déconditionnement cardio-respiratoire, de favoriser la modification du seuil de sensibilité à la douleur et de redonner des compétences musculaires (membres et tronc). Ces recommandations sont formulées avec un grade A.

Autoprise en charge, prise en charge multidisciplinaire, association de techniques, écoles du dos

Quelques recommandations suggèrent de compléter les séances sous le contrôle d’un kinésithérapeute, par des exercices appris et réalisés de façon autonome.

La prise en charge multidisciplinaire est recommandée deux fois. Il s’agit d’associer les compétences de divers professionnels (médecins, kinésithérapeutes, ergothérapeutes, psychologues, entraîneurs physiques) afin d’accompagner au mieux le patient dans sa réhabilitation.

L’association des différentes techniques est généralement de mise : deux recommandations insistent sur ce point.

Les écoles du dos ne sont pas recommandées dans le cadre du suivi des patients lombalgiques chroniques. Leur efficacité chez les lombalgiques chroniques est incertaine du fait de résultats d’études contradictoires.

Techniques antalgiques

Parmi les techniques visant la sédation, aucune ne fait consensus. L'hydrothérapie figure dans deux recommandations : l’une émettant un doute sur son intérêt, l’autre la recommandant. Les tractions vertébrales, la thermothérapie (chaude ou froide), les ondes courtes et les ultrasons sont contre-indiqués. L’électrothérapie antalgique est également en question. Seul les TENS figurent positivement dans deux recommandations.

Le massage bénéficie d’une recommandation récente, alors qu’il était contre-indiqué jusqu’alors.

Conclusion

La synthèse des recommandations met en évidence une cohérence de leur formulation entre les différents pays. L’avancée récente de la recherche permet de mieux étayer ces recommandations, et laisse entrevoir une évolution de ces dernières dans les prochaines années.

BIBLIOGRAPHIE

[1] ANAES. Diagnostic, prise en charge et suivi des malades atteints de lombalgie chronique. Paris : ANAES, 2000.
[2] Dutch physiotherapy guidelines for low back pain. Physiotherapy 2003;89(2):82-96.
[3] European guidelines for the management of acute nonspecific low back pain in primary care. Eur Spine J 2006;15(Suppl. 2):S169-S191.
[4] Thorson DC, Bonsell J, Bonte B, Heinitz T, Mueller B, Haake B, Campbell R et al. [Institute for clinical systems improvement (ICSI)]. Adult low back pain. ICSI, november 2010.
[5] Guideline for the evidence-informed primary care management of low back pain. Toward optimized practice (TOP). Alberta (Canada), 2009.
[6] Delitto A, George SZ, Dillen LV, Whitman JM, Sowa G, Shekelle P, Denninger TR, Godges JJ [Orthopaedic section of the American physical therapy association (APTA)] Low back pain clinical practice guidelines linked to the International classification of functioning, disability, and health from the Orthopaedic section of the American physical therapy association [with consumer summary]. J Orthop Sports Phys Ther 2012;42(4):A1-A57.
Tous les articles
Nous vous suggérons aussi...

Congrès de l'American college of rheumatology 2013

Jacques Vaillant Kinésithér Scient 2014,0553:29-34 - 10/04/2014
L'hypertension artérielle est un facteur d'arthrose Il apparaît aujourd'hui que l'origine de l'arthrose peut être métabolique et associer des dysfonctionnements généraux (obésité, hypertension, diabète, dyslipidémie). Une étude confirme...

Place de l'électrothérapie dans la prise en charge du SDRC de type I

Pascal Adam Kinésithér Scient 2014,0552:27-32 - 10/03/2014
Alors que des techniques de kinésithérapie émergeantes semblent apporter des résultats prometteurs lors de la rééducation des patients présentant un syndrome douloureux régional complexe de type I, l'électrothérapie antalgique de type TENS...