Rapports de voisinage
Sophie Conrard
Kiné actualité n° 1433 - 04/02/2016
Entre les ostéopathes (exclusifs) qui investissent les hôpitaux et les maternités, les enseignants en APA, les titulaires de BPJEPS [1] et autres coachs qui vous disputent les séances d’activité physique adaptée prescrites aux patients chroniques, les gynécologues-obstétriciens qui recommandent de ne plus prescrire de rééducation périnéale aux femmes qui viennent d’accoucher, sauf cas particuliers [2], les masseurs-kinésithérapeutes ont fort à faire en ce moment pour défendre leur pré carré. D’autant plus qu’au niveau des tutelles (ministère de la Santé, assurance maladie, etc.) on ne jure plus que par la “médecine de parcours”, les “coopérations interprofessionnelles”, les “prises en charge pluridisciplinaires”… et on cherche à dérembourser le plus possible (même si ce n’est évidemment pas officiel). Dans l’absolu, pourquoi pas ? Quand c’est pour le bien du patient… En pratique, on n’y voit plus très clair.
Qui fait quoi ? Qui intervient quand ? Qui est payé (et par qui ?) pour quel(s) acte(s) ou quelle(s) tâche(s) ? Pour reprendre le cas du sport sur ordonnance, à partir de quand peut-on considérer que la pathologie du patient est stabilisée et qu’il est possible de passer le relais à un non-professionnel de santé ? Pour vous, la limite est peut-être claire. Le problème, c’est que tout le monde n’est pas d’accord sur sa position et que certains, qui ont du mal à joindre les deux bouts, cherchent à la faire bouger en leur faveur. Comme un voisin qui, subrepticement, déplacerait la clôture entre vos deux jardins pour agrandir le sien…
Ce petit jeu doit cesser. Et vite. Pour qu’enfin le patient sache à qui s’adresser en fonction de ses besoins. Pour que vous puissiez travailler sereinement. Et pour que vous puissiez entretenir des rapports apaisés avec vos “voisins”. Ce serait plus agréable pour tout le monde !
[1] Brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport.
[2] On vous en parle en détails la semaine prochaine !
© D.R.