Rééducation maxillo-faciale : découvrir une spécialité
Isabelle Breton-Torres, Patrick Jammet
Kinésithér Scient 2016,0572:01 - 10/01/2016
Ces 30 dernières années, la kinésithérapie à vu son champ d'application s’élargir considérablement. La variété des pathologies traitées, la complexité de certaines prises en charge très spécifiques amenant même certains praticiens à se spécialiser dans un domaine précis.
Il est impensable de parler de rééducation maxillo-faciale sans rendre hommage aux pionnières dans le domaine : Anne-Marie Chevalier, Maryvonne Fournier et Denise Psaume-Vandebeek. Sans leur travail, la reconnaissance de la spécialité ne serait ce qu'elle est.
Si la place de la rééducation en stomatologie, ORL, chirurgie maxillo-faciale, orthodontie ou odontologie est longtemps restée confidentielle, elle est maintenant reconnue, voire incontournable.
Par ce numéro spécial, nous espérons faire bénéficier de notre expérience un grand nombre de kinésithérapeutes, afin qu'ils puissent mettre cette thérapeutique au service de leurs patients.
Des œdèmes de la face et du cou (avec et sans interruption des voies lymphatiques), en passant par les cicatrices (d’origine traumatique ou chirurgicale, les paralysies faciales, les fractures de la face, les limitations d’ouverture buccale, ou les traitements post-carcinologiques, les pathologies traitées sont très diverses.
La prise en charge des dyspraxies oro-faciales est un volet fondamental de cette spécialité. Son incidence dans la lutte contre la récidive des dysmorphies faciales font du kinésithérapeute maxillo-facial le partenaire indispensable de l’orthodontiste ou du chirurgien dans le cadre de traitements ODF ou de chirurgie orthognatique. Toujours retrouvées dans les dysfonctions de l’appareil manducateur (DAM), ces dyspraxies linguales, labiales et ventilatoires sont aussi à l’origine de troubles posturaux cervicaux céphaliques, de cervicalgies (ou cervico-brachialgies) persistantes.
Si depuis de nombreuses années certaines indications de rééducation sont connues, de nouvelles indications ont vu le jour ces dernières décennies comme la rééducation des syndrome d’apnées obstructive du sommeil (SAOS), les prises en charge postinjectionnelles en médecine esthétique... Ces prises en charge englobent donc la traumatologie, la rhumatologie, la neurologie, la carcinologie, esthétique, etc.
Des pathologies les plus lourdes aux plus légères, au carrefour de nombreuses spécialités médicales, la rééducation oro-maxillo-faciale est devenue une spécificité à part entière de la kinésithérapie.