Pas le droit de craquer, vraiment ?
Sophie Conrard
Kiné actualité n° 1425 - 26/11/2015
Il est difficile d’avouer ses faiblesses à son entourage professionnel ou personnel. Pour les professionnels de santé, ça l’est encore plus. Peur d’effrayer les patients, de perdre la confiance de ses collègues… Sentiment que vous n’avez “pas le droit” de vous montrer vulnérables alors que précisément, votre métier consiste, jour après jour, à prendre en charge des personnes en situation de faiblesse (les patients) et à leur apporter votre aide. Envie de vous montrer solides face à eux.
C’est pourquoi nous avons jugé important de soutenir les organisateurs du premier congrès national sur le sujet, le 3 décembre à Paris (lire p. 9-10). Épuisement, addiction, stress : il est grand temps de faire tomber les tabous et surtout d’apporter des solutions concrètes aux professionnels en difficulté. Quelle que soit l’ampleur du phénomène, qu’on a du mal à estimer tant les statistiques manquent en la matière, il est clair qu’il faut aménager des modes de prise en charge adaptés, efficaces et surtout garantissant une discrétion absolue. Vous connaissez l’importance du secret médical – vous comprendrez sans peine combien il est essentiel de le préserver lorsqu’il s’agit de vous, vis-à-vis de vos confrères, des médecins ou des infirmiers que vous croisez chaque semaine, et surtout de vos patients.
Il s’agira aussi d’attirer l’attention du grand public sur le fait que vous êtes des hommes (et femmes) comme les autres, avec des qualités et des défauts, des forces et des faiblesses. Aujourd’hui, le patient se comporte de plus en plus souvent comme un client, très exigeant, estimant qu’à partir du moment où “il” (ou la Sécu…) vous paye pour un “service”, vous avez une obligation de résultat envers lui. Si ce colloque pouvait permettre de faire baisser un peu la pression qui pèse parfois sur vos épaules, ce serait, je crois, un grand pas en avant.
© D.R.