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Réseaux sociaux et professions de santé : vraiment utile ?

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Fabrice Frossard
Kinésithér Scient 2014,0557:59-60 - 10/09/2014

Facebook, Twitter, Google Plus, Instagram, Linkedin... Les réseaux et médias sociaux généralistes ou spécialisés occupent une place prépondérante dans la circulation de l’information sur le Net. Le secteur de la santé en général et les paramédicaux, en particulier, sont pourtant encore rétifs quant à l’utilisation de ces vecteurs de partage et parfois de promotion. Comme nous le verrons dans cette suite d’articles, leur utilisation peut pourtant apporter une vraie valeur ajoutée à l’exercice professionnel.

« Ça prend du temps, ça ne sert à rien, c’est trop compliqué, ça n’apporte rien à mon métier... ». Lorsqu’il s’agit des réseaux sociaux, les objections sont souvent les mêmes. Devant l’apparente complexité de leur utilisation et le retour sur investissement supposé nul, les professionnels de la santé sous-estiment souvent l’apport de ces canaux. Apports que l’on pourrait recenser assez simplement :

- remontée d’informations métiers ;
- échanges entre professionnels ;
- auto-publicité, promotion, visibilité ;
- veille globale ;
- apport de nouveaux patients ;
- apprentissage.

Avant de détailler chacun de ces points dans les prochains articles, quelques rappels chiffrés sont nécessaires pour alimenter la réflexion. Dans le monde, sur les 2,5 milliards d’internautes, 1,9 milliard est présent sur au moins un réseau social. En France, 8 internautes sur 10 sont présents sur un réseau social, avec une domination de Facebook qui recense 28 millions de français inscrits. Le temps moyen par jour passé à consulter les médias sociaux est de 90 minutes sur les quelques 4 heures consacrés en moyenne à naviguer sur Internet depuis un poste fixe, mais de plus en plus depuis une tablette ou un mobile.

Autre statistique à avoir à l’esprit : selon l’Institut Médiamétrie, les internautes de plus de 55 ans représentent 30 % de l’audience des sites sociaux, soit autant que la tranche des 15-34 ans. Un chiffre qui bat en brèche l’idée selon laquelle seuls les jeunes de la génération Y, les fameux « digital natives » écumeraient le Web social.

Ces statistiques peuvent se résumer assez simplement : vos consœurs et confrères, vos patients sont très certainement sur une des multiples plate-formes sociales existantes. En posant comme principe que vous exercez en libéral, ces réseaux sont aussi et surtout le meilleur moyen d’échanger avec vos pairs pour enrichir votre expérience en profitant de la leur ou en en dispensant la vôtre pour les aider. L’échange qui est le fondement du Web social (fig. 1).

Figure 1
Le prisme de la conversation :
cette infographie, réalisée par Brian Solis, un consultant en Web social,
illustre la position centrale de l’internaute dans l’écosystème social
et ses multiples possibilités d’interactions selon ses objectifs

À ce stade, un petit rappel historique sur la genèse des réseaux sociaux peut être utile. A l’orée des années 2000, l’évolution du web vers plus de simplicité technique donne naissance à ce qui sera baptisé le « Web 2.0 », soit le passage d’un Web réservé à des techniciens ou amateurs éclairés vers un Web ou chacun peut contribuer en publiant du contenu et interagir facilement avec toute personne connectée.

En conclusion, on assiste à l’émergence d’espace de socialisation et de communauté virtuelle toujours plus nombreuses, ce qui donnera naissance au Web social et « conversationnel » avec, à la clé, un bouleversement profond des modèles d’échanges et de communications plaçant l’internaute au centre et non plus en simple réceptacle d’un savoir ou d’une communication émis par une autorité (professionnel, entreprises, institution...). Nombre de praticiens voient ainsi arriver des patients avec une connaissance encyclopédique de leurs pathologies (ou supposées telles), issue d’heures de navigation sur les sites dédiés et d’échanges sur les forums spécialisés, ou non. Cette évolution signe une nouvelle asymétrie des relations et place le professionnel dans une situation inédite.

Au-delà, le Web social est aussi un Web de la « recommandation ». Si 90 % des achats courants commencent par une recherche en ligne, la santé n’échappe pas totalement à cette pratique. Pour trouver un spécialiste ou même un médecin dans une ville ou un quartier, la requête Google est un réflexe adoptée par de nombreux patients qui tentent de trouver, au-delà du simple contact, des informations sur le praticien et, disons le mot, sur sa «réputation ». Cette tendance ira sans aucun doute croissante et la présence online de chaque praticien libéral (ou non) devra de plus en plus a minima être surveillée par lui, sinon travaillée pour bénéficier du meilleur référencement possible, et ainsi apparaître en bonne place lors d’une requête avec, idéalement, des recommandations positives de patients.

Sur tous ces sujets, la présence et l’utilisation (active ou passive) du Web social et ses nouvelles formes de sociabilité s’avère, vous l’aurez compris indispensable, avec toutes les préventions liées au cadre juridique inhérent aux professions médicales. Nous verrons comment utiliser au mieux ces différents réseaux sociaux dans les articles suivants.

Figure 2
Frédéric Cavazza classifie depuis de nombreuses années les médias sociaux
par typologie avec, au centre, les trois géants que sont Facebook, Twitter
et Google +, principaux acteurs du commerce et de la publicité Web
Dans ce paysage, notez l’importance des plate-formes de blogs
(Wordpress, Blogger, Tumblr...) considérés comme média social
Le contenu est en effet le cœur des médias sociaux et sa production
et partage le fondement du Web social

Réseaux sociaux ou médias sociaux ?

Souvent les deux termes réseaux sociaux et médias sociaux sont employés indifféremment. Pourtant la différence entre les deux types de réseaux est assez claires. Comme son nom l’indique, les médias sociaux se destinent à la publication de contenus, que ce soit de la photo, de la vidéo, du texte ou autre. Leur objectif est de développer les interactions conversationnelles et sociales via le partage de contenus.

Un réseau social recouvre un site dont la vocation est la mise en relation des utilisateurs avec des objectifs de réseautage clairement définis. À titre d’exemple, Viadeo, Linkedin, Facebook, ou encore le réseau pro Santé appartiennent à cette catégorie. Toutefois, la porosité entre les deux univers est de plus en plus prononcée. Ainsi, Facebook, ou encore Linkedin, tendent à devenir des médias afin de capter de plus en plus d’internautes et surtout les inciter à interagir plus fortement via la plate-forme. Cette évolution est liée à une nécessité de monétisation de plus en plus prégnante, alors que ces sociétés sont cotées en bourse.

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