Un cap à passer
Sophie Conrard
Kiné actualité n° 1502 - 04/10/2017
Vous serez bientôt 100 000, d’après le dernier rapport publié par l’Ordre sur la démographie de la profession. Faut-il s’en réjouir (après tout, avec le vieillissement de la population, le nombre de patients – et donc les besoins en soins de kinésithérapie – augmentent aussi) ou s’en alarmer ? J’hésite. Si tous les petits nouveaux décidaient, comme par miracle, de s’installer là où on manque de bras pour prendre en charge tous les patients, ce serait formidable. Mais si une partie d’entre eux choisit de s’installer, comme tant de confrères (et on les comprend), sur le littoral méditerranéen ou à Lyon, certains cabinets ne risquent-ils pas de souffrir d’une forte concurrence ?
Faut-il alors déconseiller aux jeunes de choisir ce métier ? Je serais bien mal placée pour le faire, ayant moi-même embrassé une profession plombée par un trop grand nombre de candidats et un contexte économique très défavorable (plus grand monde n’est prêt à payer pour s’informer), entre autres. En revanche, il va peut-être falloir inventer de nouvelles façons d’être kinésithérapeute. Diversifier son activité, et ne plus compter uniquement sur la Sécu pour vivre convenablement. Peut-être même apprendre à attirer le chaland, pour qu’il vienne chez vous et pas chez le concurrent le plus proche… Ce ne sont pas des choses qu’on apprend en IFMK, et cela ne correspond pas forcément à la manière dont vous souhaitez exercer, je m’en doute.
L’une des clés de la réussite sera peut-être d’entrer dans une forme de “démarche qualité” (nous vous en parlions la semaine dernière – Ka n°1501 p. 30 à 36).
En tout cas, la profession est à un tournant. Confrontée à un défi auquel beaucoup ne s’attendaient sûrement pas, tant la plupart des kinésithérapeutes ont des agendas surchargés, voire des listes d’attente.
© D.R.